Dyslexie ? la comprendre et l’accompagner [1]

Afficher l'image d'origineLe TDAH est rarement isolé. Focus sur les troubles de la lecture…
Environ un tiers des élèves avec des troubles d’attention ont également une dyslexie. Environ 50%
des difficultés spécifiques du langage sont accompagnées d’un trouble du déficit de l’attention.

Accompagner son enfant dyslexique peut être source de nombreuses angoisses et émotions, sur le plan scolaire notamment, on peut s’interroger sur les apprentissages et les incidences sur l’avenir de son enfant. Pourtant la dyslexie -comme de nombreux autres troubles dys- ne devrait pas être un obstacle et encore moins une prédiction d’échec.
La dyslexie est en effet assez fréquente, on ne peut pas en guérir, c’est un trouble qui dure tout le long de la vie, mais cela ne signifie pas que votre enfant ne peut pas être heureux et réussir ! Les personnes atteintes de dyslexie sont souvent très créatives. On ne sait pas si cette créativité hors des sentiers battus est cultivée par la différence, ou si elle est le résultat d’un cerveau « câblé » un peu différemment.
Et nombreux sont les dyslexiques qui ont trouvé le chemin de la réussite. De très nombreuses personnes souffrant de dyslexie ont une carrière réussie dans les affaires, les sciences, les arts…. Il y a une très longue liste de personnes célèbres dyslexique, les enfants sont toujours rassurés de s’apercevoir que certaines de leurs idoles ont le même trouble qu’eux : Steven Spielberg ou Whoopi Goldberg par exemple.

Expliquer la dyslexie aux enfants

La première chose à faire pour aider son enfant lors de la découverte d’une dyslexie est simplement d’en apprendre davantage sur les symptômes, les causes et les stratégies qui peuvent être utilisés à la maison et à l’école, et lui expliquer. Les recherches scientifiques ont prouvé qu’il existe différentes façons d’enseigner qui peuvent aider les personnes souffrant de dyslexie à réussir. Il y a beaucoup à faire également en tant que parent. Il existe de nombreuses stratégies et des outils pédagogiques efficaces qui peuvent aider votre enfant.

 

Il faut cependant garder à l’esprit que les luttes avec la lecture et les autres difficultés peuvent conduire à la frustration et à une faible estime de soi. Le stress face au travail scolaire peut faire perdre aux enfants leur motivation à continuer d’essayer. Parmi tous les nombreux outils et stratégies, il faudra en tester plusieurs, parfois subir des échecs, avant de trouver ce qui fonctionne le mieux pour votre enfant, voir les améliorations et ainsi renforcer sa confiance en lui-même.

La dyslexie est-elle fréquente ? Quelles sont ses causes et ses symptômes ? Comment la diagnostique-t-on ? Quelles sont les compétences affectées par la dyslexie ? Quelles autres conditions sont liées ? Comment les professionnels peuvent-ils aider ? Quoi faire à la maison  ? Quelles solutions pour faciliter la voie des enfants dyslexiques ? Voici quelques réponses…

Quelle est la prévalence de la dyslexie ?

Les troubles des apprentissages, en particulier la dyslexie, ont été explorés principalement dans les pays anglophones. Le pourcentage de dyslexiques dans la population est généralement estimé à ≅6 %, avec des chiffres variant entre 3 et 10, voire 12% selon les critères de définition de la dyslexie utilisés mais aussi selon le code orthographique de la langue de la population considérée (Paulesu et coll., 2001 ; Miles, 2000 et 2004) : les variations dans la forme de la dyslexie ainsi que dans sa prévalence sont considérées comme étant dépendantes de facteurs tels que la transparence ou l’opacité de l’orthographe de chaque langue (on trouve davantage de dyslexique au Etats-Unis qu’en Italie par exemple).
En France, nous n’avons pas de données épidémiologiques d’envergure. Trois études cependant (sur la base d’épreuves et de critères différents) indiquent une prévalence de troubles d’acquisition de la lecture comprise entre 6 % et 8 % mais il est difficile de dire qu’il s’agit de dyslexie au sens strict.  (Sprenger-Charolles et coll., 2000 —Zorman et coll., 2004 — Watier et coll., 2006).
Ces informations suggèrent que la proportion d’enfants présentant une dyslexie avérée ne diffère pas de celle des grandes études anglophones. Deux études épidémiologiques récentes chez l’adulte (de la Haye et coll., 2005 – Murat, 2005) constatent que 7 % des 18-29 ans éprouvent des difficultés graves ou importantes en lecture.
On ne peut néanmoins pas assimiler tous les troubles de la lecture, même graves, à la dyslexie. Entre 3 et 5 % des enfants seraient alors concernés. [ipubli.inserm.fr]

Qu’est-ce que la dyslexie ?

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un vrai défi

Pour commencer, on peut préciser ce qu’elle n’est pas !
⇒  Elle n’
est pas un signe de faible intelligence ni de paresse.
⇒  E
lle n’est pas non plus provoquée par un trouble de la vision (contrairement à la dyspraxie souvent associée à des anomalies de la perception visuo-spatiale et à des troubles d’organisation du regard qui perturbent l’appréhension de l’environnement par l’enfant).

C’est une condition neurologique qui affecte la façon dont le cerveau traite l’information du langage écrit et parlé. Ces déficits entraînent une mauvaise connectivité au sein du réseau de la lecture, entre l’aire de la « forme visuelle des mots » située dans le lobe occipital temporal gauche et les aires du langage situées dans le lobe temporal (Wernicke) et frontal (Broca) : difficultés à discriminer les sons proches, faible conscience phonologique, problèmes dans le traitement orthographique, confusions et inversion de lettres, mauvais codage de la position des lettres…
La Dyslexie est principalement associée à la difficulté à lire. Souvent, les médecins, les spécialistes et les éducateurs l’évoquent comme étant un «trouble de la lecture» ou un «handicap de lecture. » Mais la dyslexie peut aussi affecter l’écriture, l’orthographe et même le langage.
Les personnes atteintes de dyslexie peuvent tout à fait comprendre des idées complexes, simplement, parfois, un temps supplémentaire est nécessaire au traitement de l’information, ou bien, c’est une manière différente de traiter et d’aborder les informations qui devra être privilégiée, telle que l’écoute d’un livre en version audio plutôt que sa lecture par exemple.

Quelles sont les compétences essentielles à l’acquisition de la lecture et sa compréhension ? Comment la dyslexie entrave son apprentissage ?

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guide pratique

Au début de l’école primaire, les élèves sont censés lire un passage du texte et répondre à des questions à son sujet. C’est ce qu’on appelle «la compréhension de lecture», essentielle à la construction d’une base solide pour la réussite scolaire. Pour les enfants atteints de dyslexie, la lecture d’un seul mot peut être un combat. La dyslexie rend également difficile la compréhension et la mémorisation de ce qu’ils ont lu.
Les élèves souffrant de dyslexie ont souvent des problèmes de compréhension parce qu’il est nécessaire dans l’acquisition de la lecture de développer plusieurs compétences sous-jacentes, qui sont :

1- l’association des sons et des lettres (phonèmes et graphèmes) : Les enfants doivent apprendre que chaque lettre de l’alphabet est associée à un ou plusieurs sons. Une fois que l’enfant a fait ces connexions, il peut « sonoriser » les mots lus (en phonétique : rendre sonore une (ou un ensemble de) lettre(s) sourde(s)). Au cours préparatoire, la dyslexie se manifeste par une mauvaise association entre graphèmes (signes écrits) et phonèmes (sons).
2 – le décodage de
texte : Lorsque le processus de sonorisation des mots est su, l’enfant peut décoder les mots un à un et commencer à donner un sens à des phrases entières grâce à ce « décodage ». L’enfant dyslexique lui, sera face à une incapacité à saisir rapidement un mot dans sa globalité. L’enfant déchiffre lentement et fait des erreurs.
3 – la reconnaissance des mots : Il s’agit de la capacité de lire un mot familier d’un coup d’œil, sans avoir à le sonoriser. Plus les enfants peuvent reconnaître de mots par la vue, plus ils seront en mesure de lire. La plupart des jeunes lecteurs reconnaissent un mot par la vue après l’avoir décodé une douzaine de fois. Les élèves dyslexiques peuvent avoir besoin de faire ce décodage jusqu’à 40 fois.
4 – La lecture fluide
: Les lecteurs qui acquièrent de l’habileté peuvent reconnaître la plupart des mots par la vue ainsi que le son des mots inconnus rapidement, ils peuvent donc lire en douceur et à un bon rythme, c’est la fluidité de lecture. Elle est essentielle à une bonne compréhension du texte.
5 –
Comprendre le texte : les bons lecteurs peuvent se souvenir de ce qu’ils viennent de lire. Ils peuvent ainsi résumer et se rappeler des détails spécifiques. Les lecteurs dyslexiques quant à eux vont s’enliser dans le décodage individuel des mots. Cela interrompt le flux d’information et rend le texte plus difficile à comprendre. Cela rend également plus difficile la liaison des nouvelles connaissances avec ce qui est déjà acquis.

Si votre enfant a des difficultés de lecture, il est important de comprendre et savoir ce qui se passe, lui obtenir une aide supplémentaire est une bonne idée : en effet, les enfants qui commencent leur scolarité avec des difficultés de lecture rattrapent rarement seuls ces difficultés. Heureusement, la dyslexie est étudiée depuis des décennies et on sait que les méthodes d’enseignement et les outils adaptés peuvent aider les enfants atteints de dyslexie à réussir. Si la dyslexie est diagnostiquée avant la troisième année de primaire, la rééducation est plus facile, mais il n’est jamais trop tard. [Handler, Sheryl, and Walter Fierson. « Learning Disabilities, Dyslexia, and Vision. » Pediatrics 127.3 (2011): E818-856. American Academy of Pediatrics].

A venir,
Dyslexie ? la comprendre et l’accompagner [2]
causes, diagnostics, prises en charge…

Dossiers :
¤ Inserm – Troubles des apprentissages : les troubles « dys »