Epilepsie et TDAH

Le TDAH est une manifestation comportementale avec un substrat neurobiologique à transmission génétique. L’étude du réseau neurologique du TDAH est réalisée à la recherche d’un marqueur objectif, biomarqueur, ou grâce à l’imagerie électroencéphalogramme (EEG).

L’épilepsie est une maladie neurologique qui se caractérise par des crises de décharges épileptiques. Il y a différents types d’épilepsies (idiopathiques, focale ou généralisée, sans anomalie cérébrale, qui sont des désordres électriques de cause génétique ; et non-idiopathiques, provoquées par une malformation cérébrale ou une lésion suite à un trauma ou maladie) et évolutives selon l’âge (épilepsie du nouveau-né, du nourrisson, de l’enfant, de l’ado…).

Épilepsie du lobe temporal

Voici quelques éléments sur les troubles épileptiques, les troubles attentionnels, leur différenciation ou leur coexistence :

¤ Les enfants présentant des troubles dys et TDAH peuvent avoir quelques anomalies de type épileptique sur l’EEG. Néanmoins, ce ne sont pas des épilepsies ! Les traitements anti-épileptiques aggravent les troubles dys et il ne faut donc surtout pas traiter d’épilepsie. Un traitement anti-épileptique chez un enfant non épileptique va provoquer plus de troubles neuronaux et donc d’effet sur les EEG, car les décharges observées dans les troubles dys ne sont pas des troubles épileptiques mais des décharges électriques causées par les dys. 5 à 30% d’anomalies épileptiformes sont trouvés chez les enfants avec TDAH sans qu’il n’y est aucune épilepsie. Il faut donc faire attention de ne pas interpréter l’EEG comme une épilepsie et surtout ne pas mettre en place un anti-épileptique au lieu du méthylphénidate.

On observe que plus les décharges EEG sont fréquentes ( ! une décharge n’est pas une crise épileptique ! ) plus la mémoire de travail, les fonctions attentionnelles et le niveau de langage baissent. Lors d’activation de grapho-éléments épileptiques pendant le sommeil (EEG en veille OK mais EEG sommeil +++) des troubles d’apprentissages apparaissent car le sommeil est nécessaire à la structuration et la mémorisation des apprentissages. Il y a risque de régression et de perte des acquis.

¤ On trouve des problèmes d’attention et de concentration chez les enfants épileptiques. Les troubles attentionnels sont mis en évidence au moyen de tests neuropsychologiques. Ils ont des répercussions sur les apprentissages scolaires. Il est nécessaire de prendre en charge non seulement les crises épileptiques mais également les répercussions scolaires et sociales, y compris dans les épilepsies idiopathiques bénignes.

¤ Une épilepsie qui commence très tôt va avoir des impacts graves sur la maturation des fonctions cognitives, ces impacts sont moins importants quand l’épilepsie commence plus tard. Le début précoce et la fréquence et la durée des crises ont un effet délétère. Les crises longues (>30 minutes) peut provoquer des dommages irréversibles sur les fonctions cognitives. Les anti-épileptiques peuvent avoir aussi des effets négatifs sur les fonctions attentionnelles.

L’EEG est un examen complémentaire à l’examen clinique. Il faut toujours peser le pour et le contre du traitement selon l’intensité des attaques épileptiques et du trouble attentionnel. 36% des enfants épileptiques ont des déficit attentionnels avant traitement. Malgré le contrôle des crises, les troubles attentionnels persistent pour environ la moitié des enfants sous valproate, un tiers des enfants sous ethosuximide et un quart des enfants sous lamotrigine.

L’épilepsie peut-elle être à l’origine de troubles attentionnels ? Selon un modèle d’étude l’EPCT (Epilepsie partielle bénigne à Pointes Centro-Temporales) épilepsie idiopathique sans lésions cérébrales, avec peu de crises et d’anomalies EEG, le pronostic est bon et les thérapies sont légères voire sans traitement. Pourtant, il y a un impact sur le traitement séquentiel de l’information, le temps de réaction, des erreurs d’inattention… Aux tests informatisés, le temps de réaction du groupe contrôle sain est moindre que celui des enfants avec épilepsie. Les épilepsies partiels ont encore plus de temps de réaction que les épilepsies généralisées. A l’épreuve KITAP, les enfants épileptiques ont des difficultés importantes dans les processus d’engagement / désengagement.

Les similitudes du TDAH et de l’épilepsie sont le déficit d’attention soutenue et la diminution de la résistance aux distracteurs et des capacités de désengagement, surtout dans les épilepsies partielles.  En revanche, les enfants épileptiques sont plus lents que les enfants avec TDAH, mais font moins d’erreur et ont moins de déficit d’inhibition

Quels sont les impacts de l’épilepsie sur la maturation des réseaux neuronaux des fonctions attentionnelles et exécutives ? Dans les imageries fonctionnelles, on observe un déficit d’attention (réseau attentionnel dorsal) chez les adultes. L’indice de mémoire de travail est similaire entre épilepsie et TDAH, ainsi qu’une modification dans différents réseaux neuronaux (cortico-sous-cortical, cortex médio-frontal, dorsal), également des anomalies structurelles frontales dans certaines épilepsie partielle pharmaco-résistantes.  A l’IRM, les connectivités effectives des réseaux du groupe témoin est correct, alors que dans le groupe d’enfants épileptiques, on observe de moins bonne connexions. C’est le réseau pariétal dorsal qui s’active au lieu du réseau striato-frontal normalement impliqué. Le chemin neuronal utilisé est plus compliqué, contient plus de synapse, et est donc plus lent. L’information prend les routes départementales au lieu de prendre l’autoroute. C’est le même schéma dans le TDAH, qui conserve cependant une connectivité normale.

Il y a une physiopathologie commune à l’épilepsie et au TDAH. Les réseaux attentionnels impliquent différentes zones du cerveau, et le réseau dans son ensemble est impliqué. Quand l’épilepsie est partielle et bénigne, il y a des répercussions plus importantes sur le développement des fonctions cognitives et attentionnelles.

Réseaux attentionnels
• alerte, vigilance : Tronc cérébral et système limbique
• Réseau postérieur : système visuo-attentionnel, attention sélective
• Réseau antérieur : maintien de l’attention et fonctions de contrôle
• Régions préfrontales :  Mémoire de travail et Fonctions éxecutives

La prévalence des symptômes de TDAH est plus élevée chez les enfants épileptiques que chez la population générale et d’autres maladies chroniques. 30 à 40% des enfants épileptiques ont des symptômes d’inattention, mais ce sont des troubles attentionnels liés à l’épilepsie; il faut donc faire attention à un traitement par méthylphénidate. En revanche la prévalence de TDAH est 3 fois plus élevée : 10 à 15% des enfants épileptiques présentent de réels critères de TDAH de type mixte. Les prévalences de comorbidités avec d’autres troubles (TAG, TOP, etc…) sont les mêmes. Le méthylphénidate doit être utilisé avec précaution chez l’enfant épileptique, mais sans contre-indication liée directement à l’épilepsie. On retrouve un bénéfice du traitement par méthylphénidate pour les enfants épileptiques qui ont des critères de TDAH avérés, avec l’amélioration des fonctions exécutives, de l’attention, de la distractibilité, et de la rapidité d’exécution. Néanmoins, en cas d’augmentation ou d’apparition de convulsions épileptiques, le traitement par méthylphénidate devra alors être arrêté, mais une prise en charge du TDAH chez les enfants épileptiques doit être réalisée.

Sans indice clinique d’épilepsie, il n’y a pas d’indication à réaliser un EEG pour un enfant avec TDAH avant la prise de méthylphénidate. Des études EEG du TDAH ont cependant été réalisées pour analyser et évaluer le tracé de l’activité électrique globale du cerveau qui se modifie selon les états de vigilance. Il varie et reflète l’état veille/éveil et permet de détecter et de localiser des anomalies du fonctionnement dans le TDAH au niveau des zones attentionnelles. L’EEG du TDAH a pu montrer qu’il ne s’agissait pas uniquement d’un problème préfrontal ou de fonctionnement dopaminergique comme on l’a cru pendant longtemps, mais que le trouble est beaucoup plus complexe que cela, puisque l’EEG du TDAH montre une modification des fréquences sensorimotrice et une modification des fréquences lente/rapide (ce qui est utilisé en neurofeedback). On observe une inversion des bandes fréquences dans le TDAH en rapport au groupe témoin, avec une anomalie de fonctionnement dans l’ensemble du réseau postérieur et antérieur. L’EEG quantifié avec un calcul du ratio des ondes Théta/Béta sur 20mn, la mesure de la connectivité globale, la variabilité temporelle par le contrôle des régions frontales et pariéto-occipitale pourraient être une aide au diagnostic chez l’enfant.  Une base d’utilisation quantifiée pour des tests de diagnostic est en étude.

un document de BCepilepsy.com : L’épilepsie et le THADA (Epilepsy and ADHD) par la Dre Sare Akdag, psychologue agréée

Ici, à lire, une excellente thèse qui traite de l’épilepsie, avec des cas cliniques de TDAH associé, et l’utilisation du méthylphénidate en cas de comorbidité TDAH et épilepsie.

un PDF du Pr P. Berquin du CHU d’Amiens, répertoriant l’ensemble des symptomes et caractéristiques du TDAH, présentant de nombreuses images EEG, et évoquant l’épilepsie associée au TDAH, diffusé par Pluradys Bourgogne.

L’épilepsie et l’apprentissage – AboutKidsHealth  / http://www.aboutkidshealth.ca › Documentation › Épilepsie › À la maison et à l’école. Les problèmes d’apprentissage des enfants épileptiques vont d’un retard …. Il y a autant de filles que de garçons qui sont atteints d’épilepsie avec TDAH….

[PDF]L’épilepsie et le THADA – BC Epilepsy Society  / http://www.bcepilepsy.com/files/Information_Sheets/…/French-Epilepsy_and_ADHD.pdf. En fait, entre 25 et 30 % des enfants épileptiques présentent un THADA. … les enfants épileptiques subissent un dépistage du THADA ou des troubles de …

ABSENCES EPILEPTIQUES – TDAH – les Pandas du Finistere panda29tdah.canalblog.com › SCIENTIFIQUEMENT parlant –3 sept. 2014 – Les absences épileptiques se déclenchent soudainement sans avertissement. On les nomme parfois le « petit mal », et il peut être difficile de ….

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8 réflexions sur “Epilepsie et TDAH

      1. Merci pour la réponse rapide, je parlais du lien sur la thèse. « Ici à lire une excellente these » , j espère que vous pourrez le retrouver. Bonne semaine.

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  1. J’ai une fille qui a des troubles TDAH et days et son EEG mentre des décharges .le médecin a conceillé de lui donner de depakine j’ai peur qu’elle s’aggrave voulez vous m’aider s’il vous plaine…

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    1. Je suis très touchée de votre confiance. Je ne pourrais malheureusement pas vous apporter de réponse, seul le médecin qui a réalisé et analysé l’EEG peut décider de la nécessité ou non d’un anti-épileptique. Si vous avez des interrogations et des craintes, n’hésitez pas à lui en faire part et à lui demander d’avantage d’explications, c’est important que vous soyez en confiance pour pouvoir accompagner votre fille. Si jamais vous êtes vraiment trop indécise ou angoissée, peut-être qu’un deuxième avis médical vous permettrait de mieux appréhender les choses. Bon courage dans vos démarches.

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