Autorégulation émotionnelle, comment gérer ?

Nouvel article sur la difficile question de l‘autorégulation émotionnelle dans le TDAH et son importance. Avec à nouveau l’aimable autorisation du Dr Russel Barkley pour le partage et la traduction de ses slides et de ses conseils avisés. Un grand merci à lui pour ces explications très aidantes pour les familles confrontées au bouillonnement émotionnel du TDAH.

« L’association du  TDAH aux difficultés d’auto-contrôle des émotions est maintenant bien établie dans la recherche clinique, même si elle n’a pas été discutée dans le cadre des critères ou des symptômes  de diagnostics officiels de la maladie.
La médication contre le TDAH agit généralement en « modifiant » le ressenti de l’émotion elle-même. Les stimulants peuvent augmenter l’inhibition du comportement et de l’émotion, tandis que les non-stimulants semblent agir en améliorant le fonctionnement des circuits exécutifs (frontal) qui nous aident à mieux évaluer et gérer réactions émotionnelles et conflits. Se rendre compte qu’un faible contrôle émotionnel est un élément central du TDAH est primordial pour comprendre la nature du trouble, le diagnostiquer, comment la médication peut aider à mieux le gérer, et surtout comment les personnes atteintes du trouble peuvent agir à travers les cinq types de stratégies pour mieux gérer les émotions impulsives.  Be well ! » Russel Barkley.

 ¤ La 1ère diapo montre les causes de cette dysrégulation émotionnelle. Le TDAH affecte largement le fonctionnement du lobe frontal (cerveau exécutif) dont un des rôles est l’auto-régulation « top-down » des états émotionnels. Voyez la flèche qui va du cortex frontal à l’amygdale, porte d’entrée vers le cerveau émotionnel (système limbique).

Les enfants comme les adultes atteints de TDAH présentent souvent des difficultés telles que :
– grande excitabilité,
– démonstration d’émotions, de manière trop impulsive ou trop forte pour une situation donnée,
– frustration, impatience, colère,
plus grande réactivité, y compris avec des émotions positives comme l’humour.
– difficultés à
modérer, calmer, réguler… les émotions au quotidien.

¤ La diapositive suivante montre dans les figures ovales les quatre étapes d’une réponse émotionnelle à une situation donnée : une situation qui provoque une émotion se produit , nous y assistons, nous évaluons rapidement sa signification (= valence émotionnelle), et ensuite nous réagissons.

Que faire ? Dans la partie supérieure de cette figure, cinq rectangles proposent cinq stratégies permettant la gestion d’une réponse émotionnelle. Celles-ci sont expliqués plus en détail dans les diapositives suivantes. Notez que plus tôt vous utilisez une stratégie dans la séquence, plus il est probable de réussir à modérer une réaction émotionnelle.

5 stratégies de régulation des émotions brutes –

¤ Diapo 3 Des stratégies proactives (avant)
Evitement proactif des situations à risque : identifier les situations susceptibles d’être émotionnellement provocatrices et les éviter ou en réduire la participation. (il est à préciser qu’il s’agit donc d’une stratégie applicable aux situations évitables, et non pas une autorisation à fuir ses responsabilités !)
Modification proactive de la situation : lorsque de telles situations ne peuvent être évitées, examiner comment changer la structure de la situation de manière à réduire l’exposition à l’événement provocateur (où  vous asseyez-vous ? à côté de qui ? à qui  parlez-vous ? quelles tâches ou activités alternatives prévoir comme outil de relaxation, retour au calme, etc …)

¤ Diapo 4 Des stratégies réactives (après)
– Redéploiement de l’attention : distraire votre attention, par exemple par les méthodes suivantes :
• En détournant les yeux du stimulus provocateur.
• En mettant l’accent sur toutes les caractéristiques d’information « cool » du stimulus, en se détachant, comme un étranger pourrait le faire.
• Visualiser et se décrire une situation calme, de détente, en alternative.
• Compter les objets
dans la salle pour vous-même.
J’ajoute qu’on peut également se recentrer sur sa respiration, ou s’accorder un retrait.
– Changement cognitif : Parlez-vous à vous-même en utilisant la raison, la logique et la preuve, pour réévaluer l’événement, sa signification, et l’éteindre.
– Modulation de la réponse : Essayer activement de supprimer la forte émotion réaction émotionnelle non désirée.  » – Il s’agit plutôt de modifier/supprimer la réaction émotionnelle et réduire l’émotion plutôt que supprimer l’émotion elle-même (à moins que la réévaluation cognitive qui a précédé a fait se rendre compte qu’elle n’avait pas lieu d’être évidemment !)

¤ Diapo 5 : Toutes les stratégies n’ont pas la même efficacité dans le contrôle de l’émotion
⇒ Des stratégies peuvent activer des régions communes du cerveau alors que d’autres stratégie activent également des régions différentes.
En raison de la neuroanatomie du TDAH, certaines stratégies peuvent être plus efficaces que d’autres (par exemple la sélection situationnelle ou la distraction peuvent mieux fonctionner que la ré-évaluation et la suppression émotionnelle.
⇒ En général, plus l’intervention se produit tôt dans la séquence, meilleur est le contrôle exercé sur l’émotion à survenir.



Le Dr Barkley ajoute également quelques précisions :

Les désordres émotionnels du TDAH  sont souvent confondus avec la bipolarité. La bipolarité peut exister en dehors d’un TDAH ou en comorbidité. Dans la bipolarité, il ne s’agit pas simplement de la réactivité émotionnelle, mais d’alternance entre phases maniaques/hypomaniaques et épisodes dépressifs. Les sautes d’humeur sévères avec manie ne sont pas une caractéristique du TDAH, c‘est pourquoi il est si important de reconnaître le rôle des émotions dans le tdah et réduire les réactions inappropriées.

Dans l’autisme, le problème n’est pas tellement l’impulsivité mais une défaillance du lien entre les centres du langage et le cerveau émotionnel. Ainsi, les explications, raisonnement, expressions verbales ou autres moyens de self control sont limités.

L’effet rebond d’un stimulant peut amener certaines personnes à être plus émotives. Des systèmes à libération prolongée comme le concerta® semblent moins susceptibles de provoquer cela. Néanmoins, chaque enfant est différent et c’est pourquoi les médecins vont souvent essayer différents systèmes de distribution de la même molécule avant de trouver le bon.

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